Jules Verne et les Corsaires

Jules Verne bombarde Berlin

Juin 1940, la bataille de France fait rage et le front belge est sur le point de céder.

Le 5 juin 1940, dans un acte presque désespéré, la France décide de bombarder Berlin. Une telle mission paraît alors totalement impossible.…

Le 6 juin 1940, le bombardier français "Jules Verne", un quadrimoteurs Farman 223.4 de l'aéronavale, spécialement modifié pour l'opération avec notamment des réservoirs supplémentaires, décolle de Brest pour Mérignac où une longue piste lui permettra, une fois chargé, de décoller plus facilement.

Le 7 juin 1940, le bombardier, lourdement chargé de 8 bombes de 250kg, de 80 bombes incendiaires de 10kg, décolle péniblement de Mérignac. N'ayant pas de soute, les bombes devront être larguées à la main par la porte latérale.
Direction Berlin.

Le trajet de 2000km passe par la Mer du Nord, La Belgique, la Hollande, le Danemark, longe la Baltique pour arriver sur Berlin par un chemin où on ne l'attend pas. Vers minuit, les lumières de Berlin sont sous l’avion. Bien que protégé par une importante Flak (DCA allemande), la surprise est totale...le bombardement commence : toutes les bombes de 250kg y passent et lorsqu’il n’y en a plus, on passe aux incendiaires et lorsqu’il n’y en a plus le Maitre Mécano Corneillet enlève ses souliers et les balance par la porte ; au retour il dira : «Ils n’ont rien gagné, ils étaient foutus».

La route de retour est aussi dangereuse que celle de l’aller. La mission étant secrète, il faut se méfier au-dessus du sol français de la DCA et de la chasse. A Chartres, le « Jules » fait une halte pour prendre de l’essence. La Bretagne, trop éloignée, l’avion se pose le 8 juin au matin à Orly, avant de regagner Brest.

Cet exploit eut un fort impact sur les Allemands qui se croyaient à l'abri sur leur propre territoire. Tellement fort qu'ils mirent à prix la tête des hommes de l'équipage.

Le traître Ferdonnet a parlé du raid, au micro de Stuttgart, et sa hargne a bien régalé nos marins.: "Le commandant Daillière et son équipage de pirates ont bombardé la capitale du Reich. Ce n'est pas là un acte de guerre, mais de piraterie. Ils ne reviendront plus jamais au-dessus de l'Allemagne. Daillière et son "Jules Verne" sont déjà condamnés à mort."
Ce qui fera dire à Daillière :"Nous ne sommes pas des pirates... mais des Corsaires !"

Pour la première fois de la guerre et pour la première fois dans l'Histoire militaire Berlin avait été bombardée !

L'équipage était composé du capitaine de corvette Daillière, le commandant, de Henri Yonnet, le pilote, de Comet, le navigateur, de Scour, le maître-radio, de Deschamps, le second maître bombardier, et de Corneillet, le maître mécanicien.


Principales sources : histographe.com, 39-45.org