La Bombe rebondissante

La bombe rebondissante... un ricochet explosif !

Une bombe rebondissante est une variété de grenade sous-marine qui fut utilisée durant la Seconde Guerre mondiale.

Son invention est attribuée à Barnes Wallis de la Vickers-Armstrongs, le créateur des "Tallboy", des bombes de 5 tonnes et des "Grand Slam", bombes de 10 tonnes.

Le modèle le plus connu est celui employé durant l'opération Chastise, un raid mené par la RAF qui s'attaqua aux barrages de la vallée de la Ruhr.

Barnes Wallis avait commencé à réfléchir à ce type de bombe en 1941. Il savait que durant le XIXe siècle, la Royal Navy avait observé que les boulets de canon rebondissaient parfois sur l'eau, augmentant ainsi leur portée. Le phénomène était similaire à celui du ricochet d'une pierre sur l'eau. Cette particularité était utilisée par l'artillerie de défense des ports. Vauban l'avait mise au point pour l'attaque des places fortes.

Deux modèles furent mis au point : Highball, la bombe anti-navire susceptible de couler des navires de guerre et UpKeep spécialement conçu pour la destruction des barrages.

De nombreux tests eurent lieu : envoi de divers projectiles sur l'eau, explosions avec des intensités différentes pour tester la résistance des structures, etc. On monta sur un bombardier Wellington un support pour le prototype de la bombe. Les essais en vol eurent lieu à Chesil Beach (Weymouth) dès octobre 1942 et portèrent notamment sur la mise en rotation de la bombe qui permettait d'avoir un ricochet suffisant. Les ingénieurs craignaient que la rotation ne perturbe l'appareil en vol mais il n'en fut rien. En revanche, les bombes s'avérèrent insuffisamment résistantes lors de l'impact sur l'eau et le premier largage en décembre se solda par un échec. En conséquence, l'enveloppe métallique fut renforcée. Un autre danger venait de l'eau car lors de l'impact avec la surface, la bombe projetait avec force une gerbe en direction de la queue de l'appareil. Si les paramètres de vitesse et d'altitude étaient insuffisamment maîtrisés, la bombe pouvait rebondir trop haut et toucher l'avion.

La UpKeep, au lieu d'être sphérique, la bombe ressemblait à un gros baril métallique et lisse de 4,19 tonnes dont 2,29 tonnes d'explosif militaire Torpex. Qualifiée de mine, et officiellement nommée Upkeep store, la bombe mesurait 152 centimètres de long pour un diamètre de 142 centimètres. Le choix du Torpex répondait à un critère précis : son effet brisant était moindre que celui de la composition B mais la présence d'aluminium dans sa composition permettait d'avoir une explosion qui dure plus longtemps, une propriété intéressante pour endommager les structures sous-marines.

La bombe devait être initialisée avant le largage en la faisant tourner à 500 tours par minute. Elle était ensuite lâchée à une hauteur de 18 mètres au-dessus du niveau de l'eau, à une vitesse comprise entre 386 et 402 km/h.

Ces paramètres devaient être rigoureusement respectés pour obtenir l'effet désiré, avec un rebondissement suffisant pour passer par-dessus les filets. Arrivée près du barrage, ou au contact de celui-ci, la bombe coulait jusqu'à une profondeur de 9 mètres avant d'exploser, activée par trois détonateurs hydrostatiques (réagissant à la pression). En cas d'avarie, un détonateur chimique prenait le relais.

Les bombes furent utilisées avec succès lors de l'opération Chastise (le raid Dambusters). Les Avro Lancaster du 617e escadron de la RAF attaquèrent durant la nuit du 16 au 17 mai 1943 les barrages de la vallée de la Ruhr. Sur les six cibles, quatre furent endommagées et deux furent détruites dont le Réservoir Möhne. Les pertes furent élevées avec 8 bombardiers abattus sur 19, se soldant par la mort de 53 membres d'équipage

Une Upkeep, qui n'avait pas explosé, fut récupérée par l'armée allemande, qui essaya de la copier pour créer leur propre modèle... mais sans succès.

Après la guerre, toutes les bombes Upkeep furent détruites.

sources : wikipedia, 1001crash.com